Dans un souci écologique, la designer Autrichienne Julia Moser a choisi une méthode de teinture par le biais de bactéries productrices de pigments, dont le but est de substituer les produits chimiques utilisés dans le processus traditionnel de la teinture.
Bien que la palette de couleurs varie annuellement suivant les tendances, une chose ne semble pas changer : l’impact environnemental des colorants chimiques. Ce dernier contribuant à la pollution des cours d’eau et nuisant ainsi à la faune et flore terrestres.
Les bactéries en question, offrent en revanche une solution prometteuse en matière de teinture, étant donné qu’il n’est pas nécessaire de les combiner avec des additifs chimiques durant le processus de teinture. Elles nécessitent également moins d’espace et de temps de traitement que les colorants traditionnels, certains pigments bactériens peuvent même être utilisés sans fixateurs.
Au début de son projet, Julia Moser s’est penchée sur la recherche de méthodes pour encourager la croissance des bactéries et favoriser l’apparition de motifs et de textures multicolores. Elle a sélectionné différentes espèces de bactéries, chacune produisant une variété de pigments colorés, tels que le violet, le bleu, le rouge et le jaune. En outre, Moser a utilisé de l’eau de trempage de haricots noirs pour teindre les tissus au cours d’un processus de fermentation impliquant des bactéries d’acide lactique, ce qui a permis d’éclaircir les pigments naturels présents dans les haricots.
Dans la seconde phase du projet, plutôt que de guider les bactéries, Moser a adopté une approche plus expérimentale en les laissant agir librement. Elle a cherché à décrypter leur comportement en développant un alphabet bactérien, basé sur les différentes teintes de couleur créées par les bactéries sur les tissus, attribuant certaines lettres ou combinaisons de lettres à ces couleurs. Ainsi, les bactéries “parlaient” par leur apparence colorée. Moser a également traduit les couleurs en musique pour le handpan.
Enfin, elle a transposé un morceau de tissu teint par des bactéries sur une machine à tricoter numérique, qui manipulait les aiguilles en fonction des pixels colorés du tissu, créant ainsi des textures en relief tridimensionnelles qui ont servi de base pour une pièce de mode innovante. Par ailleurs, les formes créées par la croissance des bactéries sur différents tissus ont été utilisées comme gabarits pour développer des formes de robe exceptionnelles, qui ont été utilisées dans une performance.
Il est ironique de constater que les matériaux utilisés pour ce projet étaient des tissus hospitaliers abandonnés, teints avec l’aide de bactéries, dans un environnement où ces micro-organismes sont généralement considérés comme des ennemis à combattre.